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Dypsapienculture

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Multi...quoi?

Barbara Sher[1] nous a nommé·es Scanneur·ses. À une certaine époque, on nous appelait érudit·es. Aujourd’hui, nous sommes connu·es sous divers termes : Esprit Renaissance, Multipotentiel·les, Nomades du savoir, Polymathes, Personnes d’esprit universel, Slasheur·ses, Zèbres, Esprits caléidoscopiques, Créatif·ves culturel·les et probablement bien d’autres que je ne connais pas. Preuve, s’il en faut, que la diversité est notre crédo. Cela parait déroutant à ceux qui n’ont pas notre mode de fonctionnement et c’est, d’ailleurs, la cause de leurs manœuvres, irréfléchies, envers nous.

Nous sommes des spécialistes de la diversité. Nous avons nos côtés sombres, personne n’y échappe. Mais, notre brillance nous est souvent niée tant que nous n’avons pas le choix de nos actes. Et, une fois en possession de notre pouvoir de décision, nous sommes faces à nos peurs et croyances, distillées en nous par l’entourage et la société pendant tant d’années, selon lesquelles nous serions paresseu·ses, dilettantes , instables, immatures et – le pire qui soit dans notre civilisation ultraconsommatrice! – contreproductif·ves. Cette brillance parsème pourtant l’Histoire d’étoiles qui ont changé l’humanité. Je pourrais citer les plus luisantes : de Léonard de Vinci à Bruce Lee par exemple, seulement il en existe bien d’autres, des multipassionné·es dont il ne reste aucune trace alors que leurs habitudes d’observer tous les domaines qui les enthousiasmaient ont permis la création de nouvelles idées. Mais, je vais trop vite.

De Barbara Sher à Emilie Wapnick[2], en passant par tou·tes les blogueur·ses qui témoignent sur Internet et forte de ma propre expérience; voici ce qui nous caractérise et ce dont nous (re)commençons à être fier·es.

Se reconnaitre

  • Aucun·e de nous ne peut se forcer à ne viser qu’une seule activité dans sa vie. Aller contre l’envie d’explorer tous nos intérêts entraine un ennui irrémédiable qui se transforme en angoisse qui aboutit à la dépression pure et simple.

  • Nous avons besoin de pouvoir quitter un domaine dès que nous sentons qu’il ne peut plus rien nous apporter, quitte à y revenir plus tard si l’intérêt renait.

  • Pour nous, apprendre est plus que facile : c’est une nécessité, un besoin viscéral, une envie qui, si on lui résiste, nous ronge de l’intérieur.

  • Puisque notre intérêt nous mène à repartir de zéro dans un domaine, nous sommes si habitué·es à redevenir des débutant·es que nous n’avons pas peur de la nouveauté. D’ailleurs, nous la recherchons, en général.

  • La diversité de nos centres d’intérêt nous amène à faire des liens entre des secteurs qui n’ont aucun rapport à première vue et nos idées sont donc souvent totalement innovatrices.

  • Lorsque nous explorons un secteur qui nous enthousiasme, nous y plongeons aussi intensément qu’une personne passionnée toute sa vie par la musique, les timbres ou le cyclisme. Pour un temps.

  • Notre adaptabilité est presque sans faille. Elle est non seulement utile dans toutes les sphères de la vie, mais elle est primordiale à une époque où tout s’accélère.

  • Nous ne travaillons pas dans le but premier de gagner de l’argent lorsque nous nous écoutons. Nous travaillons pour obtenir bien plus : la réalisation de nous-mêmes. Il y a, en nous, un processus de défense qui nous permet de ne jamais perdre de vue que nous avons des envies. C’est notre chance, le cadeau de notre naissance… Comme l’enfant qui laisse tomber son jouet préféré pour observer une libellule pendant vingt minutes, nous avons, à l’intérieur de nous, une alarme qui se met en route à chaque fois que nous nous éloignons de notre plus grande source de plaisir : apprendre.

Les « Multi », ces inadéquat·es chroniques

Lorsque je navigue sur Internet, à la recherche de témoignages sur la multipotentialité, je ne trouve que des personnes épanouies et qui ne voient aucun problème dans leur fonctionnement et dans leur mode de vie. On dirait qu’ils vivent cela aussi normalement que de respirer. Tant mieux, les temps changent, alors.

Parce qu’il y a les autres qui ne prennent que discrètement la parole. Dont je faisais partie. Ceu·lles qui ont grandi dans une société qui désapprouve totalement leur conduite. Il y a les yeux qui montent au ciel, les haussements d’épaules, les bouches qui se tordent, les regards remplis de pitié, les « pauvre toi ! », les colères à affronter, les        « Toi, de toute façon, tu n’aimes rien », les « encore ! » pleins de sous-entendus, les visages qui se ferment avec un pincement de lèvres pour se retenir de commenter – trop tard –, les « ça ne m’étonne pas de toi » ; tous ces gestes et tous ces commentaires de rejet que l’on vit lorsque l’on change d’avis sur un emploi, sur un projet ou sur une activité. Puis, ne plus rien oser faire ou dire pour éviter, le plus possible, cet affrontement. Le soutien que l’on ne trouve jamais pour cause d’incompréhension totale. Être seul·e et désapprouvé·e, voilà ce qui crée ce sentiment d’être un·e extraterrestre qui ne trouve pas de quoi se contenter sur cette planète.

C’est pour nous que Barbara Sher a écrit Refuse to choose[3]. Et elle va droit au but. Et elle gratte là où ça fait mal. Mais, c’est d’une telle grande aide ! Enfin compris·e ! Par les autres. Et par soi-même. Trouver des outils pour enfin passer par-dessus ces situations où on se sentAIT si inadéquat·es !

Sachez que la multipotentialité implique des talents incommensurables qu’il est temps de répandre au grand jour et d’utiliser, à côté de ceux des monospécialistes, dans une civilisation qui se cherche une nouvelle façon d’être plus tournée vers le cœur.

 

[1] Barbara Sher est une conférencière, coach de carrière et de vie ainsi que l’auteure de sept ouvrages sur la réalisation de ses objectifs.

[2] Emilie Wapnick, comme elle le dit sur son site Puttylike, écrit, parle, enseigne, conçoit, crée, recherche, philosophe, explore et pense… en fonction des journées.

[3] Livre que je suis en train de traduire pour mon compte et qui regorge d’exemples, d’outils et de compréhension.

juillet 2018

Notes Multi...quoi?

« Tout le monde possède des talents. C'est par eux que nous sommes attirés par quelque chose. Pour être complètement heureux, pour vivre une vie complètement épanouie, nous devons faire ce que nous aimons. »

Dypsapienculture

Le livre de Barbara Sher, Refuse to choose, me semble important, car il s’adresse à bien plus de monde que je ne le croyais au départ. En fait, je suis de plus en plus persuadée qu’elle parle d’un mode de fonctionnement que nous avons tou·tes plus ou moins au départ. Je le traduis pour mon compte et l’autrice m’a encouragée à la citer jusqu’à ce que le livre soit effectivement édité en français. Je présente donc ici des morceaux qui me paraissent primordiaux dans son texte. Je vais juste remplacer le terme « scanner », que je trouve peu parlant en français, par le terme « dypsapienculteur·trice ».

Es-tu un·e dypsapienculteur·trice?

« Je n’adhère jamais à rien. »

« Je sais que je devrais me concentrer sur une seule chose, mais sur laquelle? »

« Mon intérêt s’éteint sur des sujets que je croyais être la passion de ma vie. »

« Je change constamment d’intérêts. »

« Je m’ennuie à partir du moment où j’ai compris comment quelque chose fonctionne. »

« Je ne supporte pas de faire deux fois la même chose. »

« Je n’arrête pas de changer d’idée à propos de ce que je veux faire et je finis par ne rien faire. »

« J’occupe un emploi mal rémunéré parce qu’il n’y a rien dans quoi j’ai envie de m’engager. »

« Je ne choisirai pas une carrière, car cela pourrait être la mauvaise. »

« Je pense que tout le monde est sur cette Terre pour accomplir quelque chose; tout le monde sauf moi, c’est tout. »

« Je n’arrive à être attentif qu’en effectuant plusieurs choses en même temps. »

« J’abandonne ce que je suis en train de faire de peur de rater quelque chose de mieux. »

« Je suis en général trop occupé, mais, quand je trouve enfin du temps, je n’arrive pas à me souvenir de ce que je voulais faire. »

« Je ne serai jamais un expert en quoi que ce soit. J’ai l’impression de toujours être dans une classe de prospection. »

Si ces affirmations te parlent, les chances sont bonnes que tu sois un·e dypsapienculteur·trice, c’est-à-dire un type très spécial de penseur. Contrairement à ces gens qui semblent se satisfaire d’un seul champ d’intérêt, tu es génétiquement programmé pour t’intéresser à beaucoup de domaines différents et c’est exactement ce que tu essaies de faire. Parce que ton comportement est inhabituel – voire troublant – pour les personnes de ton entourage, on t’a dit que tu agissais d’une façon inadéquate et que tu devrais changer. Sauf que c’est une erreur, un mauvais diagnostic. Tout compte fait, tu n’es qu’une créature différente. Ce que tu as supposé être un handicap à surmonter avec un peu de bonne volonté est en fait un don exceptionnel. Tu es en possession d’un remarquable cerveau multitalentueux essayant de travailler dans un monde qui ne comprend pas qui tu es ni pourquoi tu agis ainsi.

Aussi, à moins que tu ne te connaisses bien, tu vas donner raison à ce monde! Non seulement ce sera injuste et inexact, mais cela pourrait t’empêcher de développer tes dons et de contribuer à ce monde. L’enjeu est considérable.

T’identifier comme dypsapienculteur·trice signifie changer la façon dont tu te perçois. Pour commencer, il te faut comprendre que tu dois immédiatement arrêter d’essayer de te conformer à la norme et que tu dois entreprendre l’apprentissage de ce que tu es vraiment. Pour t’aider à construire l’avenir productif pour lequel tu as été conçu, tu as besoin d’un ensemble d’instructions. C’est ce que j’ai essayé de réunir dans ce livre.

 

Bienvenue dans une nouvelle perception de toi-même… et félicitations! Le jury a tranché. Tu n’es ni négligent ni futile et tu as été reconnu innocent en vertu d’une erreur sur la personne. Tu es maintenant libre de ne plus être jugé et tu peux vivre la vie que tu as toujours souhaitée.

Alors, prends une profonde respiration et reprenons depuis le début.

août 2018

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Avalokiteshvara, bouddha aux mille bras et à plusieurs têtes

Dypsapienculture / Choix de cours

Voici comment Barbara Sher décrit ce qu’elle a vécu en tant que dypsapiencultrice lors de son entrée à l’université. Je me reconnais totalement dans cette description.

J’aurais dû réaliser que je n’étais pas une étudiante ordinaire lors de ma première semaine d’université lorsque j’ai regardé le catalogue des cours et que je me suis mise à pleurer. (…)

Pendant que mes amies cherchaient le programme des cours dans un petit journal en papier qui énumérait, en tout petits caractères, quand et où auraient lieu les leçons; je lisais un autre livret qui décrivait le contenu de tous les cours en caractères plus grands et de façon moins tranchée. Dans un anglais plus accessible, cet ouvrage étalait les sujets qui seraient abordés ainsi que les livres qu’il faudrait lire. Cela ne ressemblait à rien de ce que j’avais vu ou imaginé auparavant. Je sentais ma mâchoire tomber de surprise alors que je lisais une page après l’autre.

Dans un premier temps, mes amies étaient trop occupées à discuter entre elles pour me remarquer. (…)

Elles se mirent à rire et se tournèrent vers moi pour m’inclure. Mais, j’étais dans un autre univers. Sans lever les yeux de mon livre, je me suis mise à poser des questions.

« C’est quoi une lecture attentive? ai-je demandé. Qu’est-ce que c’est? C’est à propos d’une lecture attentive de la littérature russe! Qu’est-ce que ça veut dire? »

« T’inquiète pas, tu n’as pas à prendre ce genre de truc, dit quelqu’une. Tu prends ce fichu anglais avec Sarah, n’est-ce pas? Tu préfères le mardi ou le jeudi? »

« Oh, mon dieu, ai-je murmuré en tournant sauvagement les pages, ils ont l’histoire de la musique western! Est-ce qu’ils jouent cette musique ou est-ce qu’ils en parlent seulement? Comment enseigne-t-on l’histoire de la musique? Doit-on savoir lire la musique pour suivre ce cours? Oh! Regardez, les anciennes routes de commerce de l’Asie centrale! Regardez! Les pêches d’or de Samarcande! C’est où Samarcande? Je veux une de ces pêches! Ou alors, est-ce que cela désigne une peinture? La géologie de l’histoire? La géologie de l’histoire? Écoutez ça : la chaine de l’Himalaya s’est dressée depuis l’ancienne mer Thétys, donc, maintenant, à plus de neuf kilomètres au-dessus du niveau de la mer, on trouve des coquillages fossilisés vieux de vingt-millions d’années! Je vais m’évanouir! Oh mon dieu. »

J’étais entrée dans l’univers de l’apprentissage. Rien de tel ne m’était arrivé avant, rien ne m’avait préparé à ce catalogue de descriptions de cours. Je n’avais jamais rien lu de tout cela dans les romans et personne ne m’en avait jamais parlé. J’en avais le souffle coupé.

septembre 2018

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