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Animaux

Entrevue avec Alexandra Moreau: la zoothérapie

 

Dans le cadre de mon intérêt pour les médecines naturelles, j’ai rencontré une actrice du monde de la zoothérapie : Alexandra Moreau, technicienne en soin animal.

Tout d’abord, dit-elle, la zoothérapie est un outil de travail parmi d’autres. Il s’agit de faire participer un animal qui, à la base, recherche des formes de contact, pour atteindre un objectif thérapeutique. Elle dissipe donc mes croyances en commençant par distinguer deux formes de services grâce aux animaux.

  1. La zoo-animation

Dans ce concept, des gens, des étudiants, des curieux partent à la découverte d’un animal ou d’un lieu de vie comprenant des animaux. Il s’agit là de passer du temps hors du cadre habituel et l’on revient avec des apprentissages ; on a compris les réactions des animaux observés ou ce qui provoque des situations conflictuelles interaces par exemple. Cela tient plus du divertissement, voire de l’instruction. Bien sûr, le plaisir de se retrouver avec des animaux est indéniable. Mais, cela peut donner lieu à des excès indésirables. Par exemple, lorsqu’une équipe se présente dans une résidence pour personnes âgées et que l’on force quelqu’un qui n’aime pas les chiens à supporter leur présence ou leur contact. Quel que soit le service proposé avec les animaux, comme partout, les envies et les besoins de chacun·e devrait être respectés.

  1. La zoothérapie

La zoothérapie s’avère bien différente. Elle implique trois étapes : le choix d’objectifs thérapeutiques, l’évaluation après l’intervention quant à ces objectifs et un suivi sur un terme plus ou moins long. Et les possibilités de profiter des services d’un animal semblent infinies. Voici quelques exemples.

  • Réflexion: une activité avec la présence d’un animal peut avoir un objectif thérapeutique pour un groupe ciblé. Par exemple, si l’on aimerait voir un homme améliorer son hygiène, au lieu de le confronter sur le sujet, on peut l’amener à réfléchir sur le comportement d’un animal en comparant avec celui de l’humain. Une prise de conscience peut alors être suscitée.

  • Éducation populaire : Par exemple, dans une classe participant à de l’aide aux devoirs, on cible une dynamique dans le groupe. Puis, on organise une activité physique avec un chien. Cette activité plaisante permettra également la dépense d’énergie. Puis, on entreprend une séance de massage du chien en faisant remarquer à l’enfant (qui se relaxe aussi), par l’observation, quel était le comportement de l’animal avant (excitation…), pendant (synchronicité de la respiration…) et après le massage (respiration lente, corps ramolli…). On l’amène à faire le lien avec son propre comportement. Puis, on donne à l’enfant un objet faisant office d’ancrage pour cette relaxation. Par exemple, on lui offre un porteclé en forme de boule poilue rappelant la couleur et la texture des poils du chien.

  • Classe en adaptation scolaire : Le but est de provoquer un apaisement chez l’enfant tout en répondant à son intérêt. Par exemple, on met en place un club de lecture où l’enfant en difficulté scolaire fait la lecture à un chien dans un refuge. Ainsi, il n’y aura personne pour le juger, il pourra se tromper, se reprendre, profiter d’une écoute totale et même inventer une histoire. Évidemment, pour en mesurer l’efficacité, cela implique plus d’une visite suivie d’une évaluation.

  • Travail projectif : En observant un humain avec un animal, on peut en découvrir beaucoup sur ce qu’il vit. Puisque l’humain projette ses émotions du moment sur l’animal, on observe sa façon de lui parler et on lui fait prendre conscience de son comportement. Par exemple, on peut faire émerger l’impatience et essayer de comprendre, ensemble, pourquoi cette impatience apparait envers un animal qui n’a pas le même langage et on trouve,ensemble, une façon plus respectueuse de faire rentrer les chèvres dans l’enclos…

  • Psychothérapie : Dans la même veine, voici l’exemple d’un praticien qui garde, dans son bureau, un chien couché dans un coin. Quand la personne rentre, elle peut énoncer un commentaire en direction de l’animal : « Tu as l’air de bonne humeur, toi ! » ou « Qu’est-ce que tu as fait pour être aussi épuisé ! » Sans s’en rendre compte, elle donne déjà des informations sur son état d’être au thérapeute. L’animal peut également susciter des commentaires du genre : « C’est stupide, un chien. » Ainsi, on peut engager la conversation sur le sentiment que ressent en fait la personne, sur la perception qu’elle a d’elle-même.

  • Équithérapie : Plus simplement, les vibrations d’un animal peuvent être thérapeutiques. C’est ce que pense un groupe en équithérapie qui organise une prière en groupe entouré de chevaux.

  • Contre l’isolement : Pour des personnes illettrées, vivant un problème de santé mentale ou toutes sortes de manières d’être écartées de la société, il peut être intéressant de composer des duos. Voici de quelle façon cela fonctionne. Avec l’objectif que la personne prenne soin d’elle-même, on lui confie un animal dont elle devra s’occuper en lui disant : « Il est complètement dépendant de toi. » On peut voir surgir des réflexions comme : « Je prends plus soin de l’animal que de moi-même, peut-être devrais-je changer ça. » La personne peut ainsi s’engager à s’écouter davantage. Il peut également être intéressant de composer un duo avec un chien provenant d’un refuge. La personne retrouve ses forces tout en permettant à l’animal de faire de même. Ce cadre thérapeutique amène enfin la personne à réintégrer la société grâce aux interactions que suscitera l’animal.

  • Autisme : Une personne présentant ce trouble a généralement plus de facilité de contact avec un animal, car le langage de celui-ci est moins invasif. Un chien, par exemple, peut amener un sentiment de sécurité qui permettra à la personne un apprentissage. Ensuite, une fois que cette personne aura accompli un nouveau geste, on tentera l’action sans le chien. Elle sera moins effrayée puisqu’elle l’aura déjà réussie une première fois. Je veux citer ici l’exemple de ce coiffeur qui se sert de son chien pour apaiser ce type de clients et, ainsi, arriver à leur couper les cheveux.

  • Milieu carcéral : Ces personnes souffrant généralement d’un trouble de l’attachement ou n’ayant que des relations utilitaires (c’est-à-dire non basées sur le respect ou l’échange), apprennent à prendre soin d’un animal ayant des traits de caractère semblables aux leurs et ils intègrent comment les gérer avec l’aide d’un intervenant. Dans certaines prisons, cette pratique fonctionne comme une famille d’accueil de chien d’assistance. Cela redonne un sens à la vie d’un prisonnier : il se fait remettre entre les mains un animal qui changera la vie de quelqu’un. L’entrainement, sur le long terme, se fait au sein même de l’établissement pénitencier.

  • Respect environnemental : À travers les animaux, on apprend à connaitre la nature, à la respecter, à l’apprécier et à la protéger. Il s’agit de prendre conscience que la nature, avec l’animal, fait du bien.

  • Physiothérapie et ergothérapie : Dans un centre de réadaptation, l’animal peut être utile de multiples façons. En premier lieu, il apporte une nouvelle motivation. En effet, le patient peut aller jusqu’à oublier qu’il est en thérapie. Voici quelques exemples d’utilisation. On envoie un chien à l’autre bout de la pièce et on demande au patient de se déplacer pour lui apporter une récompense. On fait brosser un chat persan pour la rééducation d’un poignet. Au lieu de manipuler le petit jouet d’un enfant, ce qui peut être perçu comme une infantilisation, les personnes atteintes d’arthrite peuvent avoir à nouer le foulard du chien, à tenir une balle ou une brosse…

Pour finir, les évaluations en zoothérapie , outre d’aider à la vérification de l’atteinte de l’objectif préétabli, permettent également d’aider la recherche. Elles servent de preuves des bienfaits de cette pratique privilégiée.

juillet 2018

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